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Une affaire de consentement mutuel

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Au cœur des débats féministes actuels, le consentement sexuel.
Cette notion qui émerge dans les années 1980 est devenue aujourd’hui un enjeu de société et de santé publique, redéfinissant les rôles genrés
d’une société éminemment patriarcale. Voici pourquoi le consentement est non seulement nécessaire, mais surtout obligatoire.

Dans le domaine sexuel, consentir, c’est avoir le choix de dire non, c’est être sujet de sa sexualité, c’est s’approprier sa sexualité.
Consentir, c’est ne pas se laisser imposer le désir de l’autre. Consentir, c’est s’écouter et écouter son partenaire avec le respect de son individualité et de ses désirs. En résumé, le consentement sexuel se traduit par l’accord volontaire d’une personne à une autre personne.

Une question de conditionnement
Nous avons tous été baignés, depuis notre plus tendre enfance, dans une culture où le non consentement des femmes est normalisé, voire
glamourisé. Dans les films, les séries, les BD, la pornographie, les femmes résistent, disent “non”, avant de céder à l’homme. C’est ce que l’on appelle la culture du viol : la virilité toxique pousse à outrepasser le consentement des femmes, qui se retrouvent transformées en objet, leur conquête représentant une victoire, voire un trophée. Mais pourquoi les femmes cèdent sans consentir ? Par peur du conflit, par peur de la violence, par peur d’être considérées comme prudes ou allumeuses. Comment faire changer les choses ? Il est nécessaire de déconstruire cette virilité, toxique à la fois pour les femmes et pour les hommes, et d’accepter que les femmes expriment leurs désirs et se l’approprient. Il faut aussi responsabiliser les hommes.

Un consentement nécessaire et obligatoire
Selon une étude Ipsos datée de 2015, pour 21 % de la population française, les femmes peuvent prendre du plaisir à être forcées lors d’une relation sexuelle. Ce chiffre grimpe à 31 % chez les 18-24 ans. Effrayant ! Comme le rappellent les nombreuses campagnes de prévention des associations féministes : non, c’est non. Ne rien dire, c’est non. Sans consentement, il y a agression sexuelle ou viol.
En 2019, 94 000 femmes majeures déclaraient avoir été victimes de viol ou de tentative de viol et 9 victimes sur 10 connaissaient leur agresseur. Et en cas d’absorption de drogue ou d’alcool, le consentement, de fait, n’existe pas.

De l’importance d’éduquer et de communiquer
Demander la permission n’est pas un signe de faiblesse ou une atteinte à la virilité. C’est au contraire agir avec respect de la partenaire et cela peut être très érotique. Le consentement explicite est nécessaire tout au long de l’interaction : à n’importe quel moment, alors qu’on a dit oui, on peut reprendre son consentement et dire non. Là, le rapport doit s’arrêter. Malheureusement, dans la réalité, les femmes doivent encore justifier leur non ou céder. Il est donc obligatoire d’écouter et d’entendre l’autre.
Au Québec, les écoliers apprennent le consentement à l’école, à partir de 5 ans. En France, la rareté des cours d’éducation à la sexualité (pourtant inscrite dans l’article L312-16 du code de l’éducation) conduit à maintenir les jeunes dans l’ignorance de leurs droits, car rappelons-le : mon corps, mon choix.

Source « Bonne Santé Mutualiste » – Janvier 2022 (Tarik MASTOUR)