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Suicides, une épidémie dans la pandémie

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En décembre 2020, le ministre de la Santé disait vouloir éviter « une troisième vague qui serait une vague de la santé mentale pour les
jeunes et les moins jeunes ». Pourtant, les professionnels de santé alertent: le nombre de gestes suicidaires a augmenté depuis le début de la pandémie.

Un enjeu de santé publique majeur
Avec plus de 9000 personnes se suicidant par an, la France fait face à un des taux les plus élevés de suicides d’Europe. Quant au nombre de tentatives de suicide, il avoisinait 80 000 en 2017 et, selon les professionnels de la santé mentale, serait en augmentation. 
Du suicide, les facteurs sont multiples, à la fois individuels, relationnels, sociaux et sociétaux. Mais, si chaque cas est unique, ces chiffres montrent, s’il en était besoin, que le suicide est une affaire majeure de santé publique.

Le Covid: amplificateur des facteurs de risques
« La pandémie a fait basculer les plus fragiles », précise Mélodie Rassat, psychologue à Annecy. «Chez les étudiants par exemple, la précarisation et l’isolement à une période déjà bouleversante ont été très déstabilisants. »
En effet, les difficultés socio-économiques et l’isolement sont les deux facteurs essentiels de cette souffrance psychologique, conduisant aux gestes suicidaires. Et cela touche en réalité tous les âges de la population.

Faire rempart au désespoir
Mais comment prévenir ces gestes suicidaires ?
Malgré la création en 2013 de l’Observatoire national du suicide, malgré la mise en place le 1er octobre 2021 d’un numéro d’écoute pour les
personnes en détresse psychologique – le 3114 –les politiques publiques en matière de prévention du suicide sont insuffisantes. « Le suicide est un tabou dans la société. Il pose la question de la souffrance psychique, qui n’est pas encore reconnue comme un problème de santé. Or, la santé, c’est le physique et le psychique! C’est en reconnaissant mieux ces souffrances, en la traitant
comme une pathologie à part entière, que nous pourrons prévenir les vagues de suicide », ajoute Mélodie Rassat.

Plus globalement, la psychiatrie en détresse
Mettre en place un numéro d’écoute, c’est un bon début. Mais quelle est la prise en charge derrière?
Les CMP (Centres médico-psycologiques) comme les urgences psychiatriques sont saturés, les cabinets libéraux ne désemplissent pas.
Pour Mélodie Rassat, la cause est à chercher du côté des politiques publiques : «Pendant des années, on a non seulement négligé la santé
mentale, mais on a détricoté la psychiatrie. C’est devenu le parent pauvre de la médecine. » Si des postes ont été promis par le président de la République à l’issue des Assises de la santé, ce n’est pas assez au regard du retard accumulé.

Source « Bonne Santé Mutualiste » – Janvier 2022 (Tarik MASTOUR)